Durant le mois de septembre, Benoît Marie a passé quelques semaines à l'ENVSN. Il a accepté de répondre à quelques questions sur ses activités du moment, ses projets et sur l'avenir des skiffs à foil.
Qu'es-tu venu faire à l'ENVSN ?
Benoît : Avec Anthony Rezzoug, nous travaillons sur le développement et la préparation de nos bateaux, Class A et Moth.
L'intérêt d'être à l'ENVSN, c'est de pouvoir utiliser les ateliers 'composite' et 'mécanique' pour modifier le bateau. En l'occurence, nous travaillons sur des modifications du plan de pont du Class A et du moth dans un objectif de gain de performance et de fiabilité. A la fin de la journée, nous pouvons tester sur l'eau les changements opérés, c'est hyper pratique.
Tu as participé aux championnats d'Europe de Moth et de Class A cet été, quelles sont tes futures échéances ?
Benoît : En Moth, je participerai au TPM Medcup à Toulon, anciennement Marseille One Design dont je suis le double vainqueur (objectif triplé!) puis le National Class A à Maubuisson fin octobre et enfin à la Martinique Flying Regatta que je courrai en Easy to fly.
Tu es passé en quelques années du mini au maxi, puisque tu as gagné la mini transat (vainqueur en 2013 pour sa 1ère participation) et que tu navigues avec Francois Gabart sur le maxi trimaran Macif, de quoi as-tu envie maintenant ?
Benoît : Mes deux Graal, ce serait de participer aux deux plus belles courses à mes yeux : la Coupe de l'America et le Trophée Jules Verne. Pour moi, le Jules Verne est la course parfaite: un équipage, un bateau, un objectif simple : faire le tour de la planète le plus rapidement possible...Naviguer de nuit sur des machines qui vont à 45 nœuds, c'est méga addictif et c'est ce que j'aimerais faire plus tard. La Coupe, c'est la même chose mais entre deux bouées…
A ton avis, quelle sera la place du foil dans les écoles de voile à l'avenir ?
Benoît : Quand la technique permettra de rendre le foil accessible à tout le monde, d'ici 2 à 5 ans, le foil aura toute sa place dans les écoles de voile. C'est une belle opportunité pour la voile car ces bateaux permettent d'ouvrir la palette du temps où l'on amuse : à 10 nœuds, on peut voler. On peut se faire plaisir dans plus de conditions; ça rend la voile plus sexy et plus moderne. Le foil permettra peut-être de faire évoluer l'idée que la voile est un "sport de riches, un sport de vieux" et au contraire de s'imposer comme un sport de glisse, rapide, fun et ouvert à beaucoup plus de monde et notamment aux jeunes générations.
Avec les Nacra 17, le foil a fait son entrée aux Jeux Olympiques. Qu'en penses-tu ?
Benoît : Je ne comprends pas pourquoi on a aux J.O. des bateaux qui ont été dessinés il y a 60 ans. C'est juste une histoire de lobbying. C'est vraiment dommage pour ce sport car les Jeux sont censés être la vitrine de la voile. A part le 49er et le Nacra 17, je regrette que les bateaux ne soient pas plus modernes...Pour moi, on devrait avoir aux Jeux les bateaux les plus difficiles. J'aime quand les bateaux avancent vite et donnent des sensations.
Une campagne olympique ? Pourquoi pas en 49er ou en Nacra 17. Sportivement et humainement c'est hyper intéressant, mais aussi très dur, j'aimerais bien me mesurer à ceux qui font les Jeux... mais je prends plus de plaisir à naviguer en Moth ou sur Macif.
Et pourquoi pas un bateau à foil pour les jeux paralympiques ? Le foil ne s'arrêtera pas. Il doit juste gagner en accessibilité, pas seulement en performance. Le foil existe depuis 100 ans mais c'est seulement depuis la Coupe de l'America en 2013, que l'on s'est aperçu que le foil était intéressant et on n'est qu'au début de l'histoire!
Merci à Benoît pour les photos (Martina Orsini)